Actualité générale

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CORSE : 70eme Anniversaire de la libération de la CORSE le 4 Octobre 1943
04-10-2013

 Novembre 1942 apporte un changement décisif en Méditerranée ; les Alliés débarquent en Afrique du Nord, Hitler envahit en France la zone libre, 80.000 Italiens occupent la Corse, auxquels viendra s'ajouter, à partir de juin 1943, la brigade SS Reichsführer (14.000 allemands).

Dès le mois de décembre, le général Giraud envoie en Corse, la mission "Pearl Harbour" en vue de constituer des réseaux de Résistance. Fred Scamaroni (à l'origine du réseau gaulliste "Action R2"), est mandaté par le général de Gaulle en janvier 1943 pour tenter l'unification de la Résistance. Celle-ci ne peut aboutir ; Scamaroni, arrêté par la police politique italienne se donne la mort le 19 mars 1943 à Ajaccio. Son réseau est démantelé. Le général Giraud envoie, le 4 avril 1943, Paul Colonna d'Istria pour tenter de "fédérer tous les éléments de la Résistance et définir les objectifs militaires dont l'attaque doit permettre au jour "J" le débarquement d'un corps expéditionnaire préparé secrètement à Alger".

Le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile. Mussolini est destitué : le maréchal Badoglio lui succède. En août, le plan allemand prévoit de concentrer les troupes allemandes sur la Corse et sur l'île d'Elbe. La brigade SS est renforcée, la 90èxil division Panzergrenadier se prépare à passer de Sardaigne en Corse. Le 3 septembre, l'Italie signe secrètement un armistice avec les Alliés. Début septembre, la situation est confuse. Dans l'armée italienne, l'autorité du maréchal Badoglio est contestée ; la tension avec les Allemands augmente. Des incidents se produisent dans le port de Bastia. La défense anti-aérienne italienne tire sur des appareils allemands, un navire italien est attaqué et incendié par les Allemands. Des navires allemands sont endommagés par les batteries italiennes et les prisonniers placés sous contrôle des autorités militaires italiennes. Des cas de coopération immédiate entre Italiens et résistants corses sont signalés. Ajaccio se soulève le 9 septembre. Le 12, Hitler ordonne l'évacuation des deux grandes îles, Sardaigne et Corse. Le général von Senger refuse de s'engager dans une guérilla meurtrière et incertaine. À partir du 17, pour assurer l'évacuation de ses Unités, il concentre son action sur le port de Bastia : outre la brigade Reichsführer, il faut faire passer la 90ème division de Panzers, arrivée de Sardaigne, soit 32.000 hommes et le matériel lourd.

L'insurrection est ordonnée par le Front national (réunissant tous les mouvements de résistance grâce à l'action de Paul Colonna d'Istria). Le 8 septembre, Giovoni (cadre du Front national) rencontre à Alger le général Giraud qui lui promet de l'aide. Le soir même, dans l'île, l'insurrection est déclenchée. Le général Giraud, conscient du danger encouru par les résistants, prend la décision d'envoyer le 1 er Corps d'armée du générai Martin pour aider la Résistance. Les problèmes logistiques sont énormes. Le commandement interallié ne peut modifier sa stratégie générale en engageant en Corse, dans une opération amphibie à longue distance, une partie de ses moyens. Le port d'Ajaccio et le terrain de Campo dell'Oro sont libres. Les hommes du ler Bataillon de choc créé par le général Giraud, placés sous les ordres du commandant Gambiez et particulièrement bien entraînés au type de combat qui les attend dans l'île, débarquent. Ils seront rejoints à Ajaccio par le 1 er. Régiment de tirailleurs marocains, des spahis, des goumiers et des éléments de l'artillerie et du génie. Ajaccio joue le rôle d'une tête de pont.

Le 11 septembre, les autorités italiennes ont reçu l'ordre de traiter les Allemands en ennemis. Le général Martin a pris contact avec le général Magli ; il souhaite définir les conditions d'une coopération franco-italienne. L'accord conclu le 21 septembre prévoit une action commune dans le sud de Mie et une attaque convergente sur Bastia. Le général Giraud rencontre à son tour le général Magli ; les Italiens combattent officiellement aux côtés des forces françaises, leur assurant un important soutien. La coopération entre des éléments aussi hétérogènes (partisans corses, troupes de l'armée d'Afrique et italiennes) s'opère de façon satisfaisante.

À Ajaccio, la libération est acquise dès le 9 septembre. À Bastia, le 14, les Allemands reprennent le contrôle de la situation et menacent la ville de destruction. À Ajaccio, de rapides changements administratifs sont opérés, les cadres de Vichy renonçant à leurs pouvoirs.

Souvent peu expérimentés, les patriotes combattent sans aide pendant les huit ou dix premiers jours. Dans le sud, il faut compter avec la brigade SS Reichsführer cantonnée à Sartène. Les Allemands veulent sauver leurs dépôts de matériel et de carburant, comme celui de Ouenza attaqué le 15 septembre par le Front national et les hommes du commandant Pietri ; les résistants empêchent la jonction des troupes allemandes. Le 17, une compagnie du Bataillon de choc est déterminante dans l'appui de la Résistance : malgré une intervention de leur aviation, les Allemands y sont vaincus. Les maquisards sont appelés au combat ; les Allemands perdent le contrôle de deux aérodromes. Le bataillon de choc trouve, parmi les patriotes, les guides qui lui sont indispensables ne possédant pas les cartes de la région.

À la fin de septembre, les Allemands se replient sur le port de Bastia. Patriotes et "chocs" y arrivent par le sud ; tabors, spahis et troupes italiennes par l'ouest, avec les résistants du Cortenais et de la Balagne. Dans ces combats, les Marocains jouent un rôle déterminant. Le bataillon de choc prend le contrôle du Cap Corse. Le 4 octobre, Bastia est libre.

Au cours de ces combats, les allemands perdent environ 1.600 hommes, les italiens 637 tués et 557 blessés, les français 170 tués et environ 300 blessés pour la Résistance, 75 tués et 239 blessés pour les troupes régulières. Au cours de sa visite en Corse, du 8 au 10 octobre, le général de Gaulle salue les efforts et les sacrifices consentis. Quant aux Corses, la Libération ne signifie pas la paix, mais la reprise de la guerre au côté des Alliés. Pendant l'année 1944, 12.000 Corses de 20 à 28 ans sont mobilisés, la région est utilisée comme base aéronavale (contrôle des liaisons maritimes), base d'attaque contre l'Italie (une partie encore tenue par les Allemands), base de départ (débarquement en Provence).

Après la Corse, le Calvados sera le deuxième département français libéré. Les FFI de Caen prendront le nom de Fred Scamaroni, héros et martyr de la Résistance corse

Tiré de la plaquette "Mémoire et Citoyenneté" n° 35 Direction de la Mémoire du Patrimoine et des Archives

 

VOIR également sur notre site le remarquable travail de Francis AGOSTINI à l'adresse : http://mvr.asso.fr/front_office/fiche.php?idFiche=1050&TypeFiche=4



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